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femmes

Adji Sarr, un an après...

Publié le par Cécile Sow

Ce mardi 8 mars 2022, tandis qu'une partie de la planète se souvient que les femmes n'ont pas que des devoirs, mais aussi des droits, je reçois un message m'invitant à co-signer une tribune sur la plus célèbre masseuse du Sénégal, Adji Sarr. Estimant qu'il y a trop de zones d'ombre dans cette sulfureuse affaire, je botte en touche. Puis je repense à la proposition et décide de me prêter à cet exercice sensible, mais en solo. 

Ma réticence ne vient pas des réactions intempestives, souvent violentes, qui fusent chaque fois que son nom apparaît ni des tentatives évidentes de manipuler l'opinion en faveur de l'accusatrice ou de l'accusé. Elle se justifie plutôt par le fait que, contrairement à de nombreuses personnes dont les avis pullulent sur les réseaux sociaux, je pense ne pas en savoir assez pour me prononcer sur le fond. Ce dossier, avec d'un côté une vraie victime ou une femme instrumentalisée et de l'autre un homme politique en pleine ascension censé incarner la vertu, reste préoccupant. En attendant de savoir ce qui lie et/ou oppose réellement Adji Sarr et Ousmane Sonko, leurs ennuis me font dire que, même si eux ont été exposés, trop de maux sont encore déversés dans le profond puits du masla et du sutura. Celui où, au nom des convenances, on se débarrasse des choses honteuses ou condamnables, souvent au détriment des femmes.

Certes, grâce à Adji Sarr, on parle sans doute plus de viol et d'agressions sexuelles aujourd'hui que par le passé, mais cela ne semble pas servir la cause des victimes présumées ou avérées. Au contraire. Qu'il s'agisse d'Adji Sarr ou d'une autre, la femme est coupable et la plupart du temps condamnée par la société. Le mauvais accoutrement les mauvais gestes les mauvaises paroles au mauvais endroit au mauvais moment. Sans tenir compte des faits, on les accuse, encore et encore, d'avoir envoyé des signaux invitant à avoir une relation sexuelle. D'ailleurs, beaucoup de gens en parleront comme s'ils avaient été présents. Même lorsqu'il s'agit d'enfants, on trouve le moyen d'incriminer les mamans, accusées de négligence...  

Depuis cette affaire Adji Sarr, le mot viol et l'acte qu'il décrit sont devenus d'une telle banalité. Parce qu'on lui a ôté son caractère odieux et criminel, les personnes conscientes de la gravité d'un viol sont de plus en plus rares.  Tout aussi alarmant, moralisateurs et justiciers zélés -parmi lesquels des femmes- ont presque réussi à graver dans les esprits de certaines jeunes filles que si elles étaient un jour victimes de viol(s), elles en seraient les premières responsables. C'est pourquoi, un an après les violences ayant suivi la plainte d'Adji Sarr et les déboires judiciaires d'Ousmane Sonko et au lendemain de la célébration de la Journée internationale de la Femme (ou des Droits des Femmes, selon les pays), il est important de revenir sur cet épisode douloureux. Outre ces quelques raisons évoquées plus haut, il me semble aussi nécessaire de clarifier certaines choses. 

A mon humble avis, les violences de mars 2021 n'étaient pas uniquement l'expression d'un soutien populaire inconditionnel à Ousmane Sonko. Comme ces attaques verbales et physiques quotidiennes, plus ou moins graves, dans les foyers, les rues, les marchés, les bureaux..., elles étaient la conséquence d'une colère devenue insupportable pour beaucoup. Oui, les Sénégalais sont fâchés. Peut-être pas tous, mais une bonne partie. Ils sont fâchés parce que la vie est si dure que, comme on l'entend souvent, ils ne voient même plus la queue du diable pour la lui tirer. Ces évènements nous ont aussi rappelé, de manière brutale, que la paix sociale est un acquis précieux, mais fragile.

Grâce ou à cause d'Adji Sarr et d'Ousmane Sonko, je suis désormais convaincue que la rupture de confiance entre les populations et les dirigeants, souvent évoquée par l'opposition ou la société civile, est bien réelle. Malgré deux alternances politiques et les promesses d'une vitalité démocratique accrue, un climat délétère s'est s'installé au Sénégal. Tout le monde -ou presque- parle de tout, tout le temps, sans avoir les bonnes informations et parfois dans le but de nuire à l'autre. Plus dangereux, nombreux sont ceux qui croient que leurs convictions sont des vérités absolues. Cette histoire de moeurs devenue socio-politico-judiciaire n'échappe pas à cette tendance. C'est regrettable. 

En mars 2021, nous avons vu de quoi était capable une foule en colère. Onze mois plus tard, le 6 février 2022, après la victoire du Sénégal à la CAN (Coupe d'Afrique des Nations), nous avons vu de quoi était capable une foule euphorique. Dans un cas comme dans l'autre, on constate que les populations, en particulier les jeunes, ont une capacité certaine à se comprendre et à s'unir. C'est une bonne et une mauvaise chose pour nous et pour l'ensemble des dirigeants de notre pays, du pouvoir comme de l'opposition. Une bonne car cela prouve qu'ils peuvent compter sur la jeunesse; une mauvaise car cette jeunesse, qui a des aspirations et des exigences, généralement légitimes, peut de nouveau craquer, quel que soit le régime en place. Pour prévenir certaines tensions et restaurer la confiance, il va falloir plus de transparence. Il est temps de rétablir la vérité sur Adji Sarr et Ousmane Sonko, ainsi que sur tous ces dossiers dits politico-judiciaires en suspens...

 

 

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Vive la vieillesse!

Publié le par Cécile Sow

J'ai cinquante ans, des rides et des cheveux blancs. Devant le tribunal des "gérontophobes", je plaide en faveur du droit d'accumuler des signes extérieurs de vieillesse, sans avoir à renoncer au bonheur. 

Alors que depuis mon enfance, j'entends des Africains et des Occidentaux, vanter les attentions, l'admiration ou encore le respect voués aux anciens en Afrique, je constate, au fil des ans, que cette vision relève plus du fantasme que de la réalité. Du moins, dans certains milieux.

A Dakar, où je suis née, plusieurs de mes copines de la maternelle, de l'école primaire et secondaire, puis de l'université, ont elles aussi vieilli. Les savoir vivantes et en bonne santé est un bonheur; les savoir heureuses est un réconfort. Vous vous demandez peut-être pourquoi.

Les savoir vivantes, et en bonne santé, est un bonheur parce que sur le chemin de la vie, nombre de nos camarades -filles et garçons-, ont été fauchés par la mort. Accidents, maladies, suicides, etc., en ont emporté tant. Les savoir heureuses est un réconfort car avec le temps -qui fait son oeuvre sur les jolis minois et silhouettes d'antan- certaines laissent filer un bien précieux: la confiance en soi.

Pourquoi la femmes n'a-t-elle pas le droit de vieillir? La question peut sembler brutale ou abusive, elle est pourtant légitime. N'est-il pas vrai qu'une certaine société, privilégiant le paraître, veut nous imposer une manière d'être? La femme, soit elle se soumet aux exigences des autres, soit elle en fait fi. Dans le dernier cas, c'est toujours à ses risques et périls. Il faut dire qu'on a vite fait de la condamner, après l'avoir taxée de... folle. Evidemment, c'est ce qu'il y a de plus facile quand on veut dénigrer, sans avoir à présenter des arguments honnêtes et convaincants.

Si être jeune et "folle" est parfois acceptable, être "vieille" et "folle" l'est beaucoup moins. Avec le temps, les moqueries, plus ou moins innocentes, cèdent la place à des salves assassines. "Couvrez cette vieille, que je ne saurais voir!", semblent clamer ces femmes et ces hommes, de tous âges, qui veulent notre mort sociale et professionnelle; qui envient ce que la vie nous a apporté, ce que Dieu nous a donné. Ils devraient pourtant savoir que le temps est le meilleur des alliés. 

Nous les "vieilles" connaissons (en principe) la vie et la nature humaine. L'expérience apporte la sagesse sur laquelle repose ce bonheur que nous refuse une frange de la société. Celle qui nous pousse à nous cacher, à céder la place. 

Aucun signe extérieur de vieillesse ne justifie de plaider coupable devant le tribunal des "gérontophobes". Vieillir n'est pas un crime. 

Vive la vieillesse!

 

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Journée internationale des Femmes, le meilleur sans le pire

Publié le par Cécile Sow

Parce que le combat en faveur de nos droits se mène au quotidien, je partage avec vous ce texte rédigé à l'occasion de la Journée internationale des Femmes. Une précision: selon les pays, on parle de Journée "de la Femme", "des Droits des Femmes" ou "des Femmes". J'ai choisi cette dernière, retenue par l'ONU.

Bonne lecture! 

 

Tandis que le 8 mars approche, je les vois déjà, ces femmes, vêtues de leurs belles tenues, coiffées, maquillées, parfumées, paradant sous les couleurs de la journée internationale dédiée à la gent féminine. Je les entends aussi clamer leur volonté d'être reconnues, valorisées et respectées. Ces combattantes d'un jour, ou de tous les jours, constituent une minorité jouissant du droit à la parole et de la liberté d'action.

 

A l'occasion de la Journée internationale des Femmes, elles se lanceront dans de vigoureux plaidoyers en faveur de l'autre moitié de l'humanité. Elles apparaîtront sous un jour différent voire meilleur car les femmes fortes, persévérantes, courageuses, brillantes, ne manquent ni au Sénégal ni à travers le monde. Néanmoins, il faut savoir que ce 8 mars, trop de femmes seront victimes, encore, de je ne sais quelle horreur. Dénoncer les violences à leur encontre est un devoir; le silence est le tombeau de la justice.  

 

Chaque jour, des femmes de tous les âges, de toutes les confessions, de tous les milieux sociaux et culturels, sont victimes d'agressions et de sévices, parfois mortels, ainsi que d'injustices. Elles subissent particulièrement la discrimination sur leurs lieux de travail. Salaires inférieurs à ceux des hommes, plans de carrière brisés par des supérieurs hiérarchiques frileux ou misogynes, humiliations et harcèlement sexuel, entre autres, nuisent à leur épanouissement et à leur réussite. Malheureusement, les fossoyeurs des droits des femmes se trouvent parmi les hommes et parmi elles.

 

Enfin, ce 8 mars 2020, je voudrais exprimer ma compassion envers celles qui se sacrifient, jour après jour, sur l'autel de la débrouillardise, au détriment de leur bien-être personnel, afin de subvenir aux besoins de leurs proches. Ne les oublions pas.

 

Que cette journée ouvre les cœurs et éclaire les esprits. Aux femmes d'ici et d'ailleurs, je souhaite le meilleur sans le pire!

 

Source: businessnewsafrica.net

 

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