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democratie

Et si c'était une femme...

Publié le par Cécile Sow

Au moment où l'agitation et la confusion, qui se sont installées au cours des trois dernières années, n'en finissent pas de grandir, 18 millions de Sénégalais sont pris dans les nasses de cette politique arborant le plus contestable des costumes: celui de l'insatiable pêcheur en quête perpétuelle d'électeurs. Tandis que les campagnes électorales ne dépendent plus des saisons mais de ces irrépressibles et permanentes envies de se maintenir au pouvoir ou de le conquérir, se libérer des filets, tenus par des dirigeants du régime et de l'opposition, relève de l'exploit. En attendant les élections, avons-nous un choix autre que celui de patienter sous les flots, en dépit de toutes nos préoccupations et urgences, parfois vitales? Pas vraiment! Néanmoins, les permis de rêver ne pouvant être soumis à des restrictions, et puisque c'est dans l'air du temps, je voudrais me livrer à un exercice, périlleux et un peu hasardeux, consistant à imaginer le président que je voudrais voir piloter notre embarcation, puis relâcher toutes ces personnes qui veulent vivre mieux et dans la paix. Et si le capitaine était une femme? À la veille de la Journée internationale des Femmes (ou des Droits des Femmes, selon les pays), il me plaît d'imaginer un tel scénario.

Au risque de vous décevoir, je ne compte pas me lancer dans des affirmations prêtant aux femmes des spécificités qui les rendraient plus aptes que les hommes à réussir dans certains domaines ou à diriger en douceur, dans l'équité et la sérénité. Je ne crois pas qu'il existe des qualités morales ou intellectuelles intrinsèquement liées à un genre. En revanche, je reste convaincue que les parcours individuels déterminent la capacité de chaque être humain à assumer des responsabilités et à exécuter correctement diverses tâches, de son choix ou attribuées par des tiers. Donc ce sont les pratiques discriminatoires à l'encontre des femmes qui doivent être bannies et l'égalité des chances promue.  De ce point de vue, même si ce n'est pas pour demain, l'élection d'une femme à la présidence de la République du Sénégal est possible.

Pour diriger notre pays, je verrais bien une femme honnête et forte. Elle aurait remporté le scrutin présidentiel, à l'issue d'une rude compétition, grâce à un projet global réaliste, pas à cause de séduisantes promesses intenables. Nous l'aurions suivie, pendant des semaines, des mois ou des années, alors qu'elle aurait tenu un langage de vérité. Elle n'aurait pas extrapolé sur sa capacité à opérer des changements significatifs, en faveur de ses concitoyens, quels que soient les sacrifices, individuels ou collectifs, auxquels nous n'aurions pu échapper. Peut-être qu'elle aurait tancé ou diabolisé le pouvoir en place, mais, en échange, elle se serait engagée à ne pas sombrer dans cette sorte d'amnésie commandée, propre aux politiciens et à certains dirigeants, pour qui se renier ou changer de sabador, ou de moussor, c'est pareil. Le pouvoir de cette femme aurait été sa force de caractère et de persuasion, sa capacité à argumenter et à défendre ses idées. Le règne par la peur n'aurait pas été son truc.

Dès le début de son mandat, elle aurait mis en avant les intérêts de la nation au lieu de ceux de son clan, quitte à fâcher les siens. Elle aurait aussi été capable d'essuyer les critiques ou les attaques, des uns et des autres, sans se détourner de ses objectifs, connus des électeurs et du grand public, qui ont parfois besoin qu'on leur rafraîchisse la mémoire. Si, pour une raison ou pour une autre, elle avait mal fait ou échoué, elle aurait mis son orgueil de côté et parlé aux populations, en toute franchise. Avec la participation des institutions, elle aurait créé un nouveau système de gouvernance plus inclusif et plus porté sur l'humain.  Des femmes comme elle, qui ont la tête, les épaules et le cœur qu'il faut pour mener les combats les plus difficiles, existent. Il y en a au Sénégal et ailleurs. Elles sont dans les foyers, les marchés et les rues. Elles sont dans les écoles et les universités, dans les cases de santé et les hôpitaux. Elles sont dans nos entreprises, nos administrations et nos institutions. Elles sont dans les stades et sur les scènes. Des femmes honnêtes et fortes, il y en a beaucoup partout. Il suffit d'ouvrir les yeux. Le 8 mars est le jour où les femmes défendent leurs droits. Ce combat est aussi celui d'hier, d'aujourd'hui et de chaque instant. 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2023 au Sénégal, l'année de tous les dangers?

Publié le par Cécile Sow

Quand l'année tire à sa fin, on se projette dans un futur que l'on espère meilleur que ce passé récent dont il restera des souvenirs agréables ou pas. Décembre est un mois particulier. Il est celui des résolutions, pas toujours sincères mais réconfortantes. Se donner bonne conscience, pour partir du bon pied au matin du 1er janvier, est un exercice agréable. Facile à faire, difficile à résoudre. Les équations du quotidien -enfouies durant les fêtes dans un coin de nos têtes- reviennent toujours assombrir le tableau. Ce qui vaut pour nous, vaut pour notre pays.

Le 1er janvier prochain, ne serait-il pas merveilleux d'ouvrir les yeux sur un Sénégal apaisé, réconcilié, libéré de ses démons? Oui, mais je ne crois pas à ce genre de miracle. Les casseroles de la dernière décennie sont en équilibre sur des charbons ardents et la perspective des élections présidentielles de 2024 continue de faire grimper dangereusement le thermomètre. En ajoutant la vie chère et la pauvreté, les dysfonctionnements récurrents dans des secteurs sensibles comme la santé, l'éducation, l'habitat, la justice, etc., on obtient une soupe à la grimace explosive. En 2023, il va falloir rafraîchir les esprits surchauffés et éviter les débordements. C'est à dire, jouer la carte de l'apaisement au lieu de celles du jaay doole, du def'ante et du maa tey. Il est temps de mettre un frein à l'intimidation, à l'usage abusif de la force et à la promotion du je-m'en-foutisme. Il y va de notre avenir commun.

Le Sénégal n'est pas un pays en guerre, mais nous n'y sommes plus en paix. Tous les jours, nous faisons face à la violence verbale, morale, physique. Les tensions, entre un pouvoir frileux, parfois répressif, et une opposition plutôt va-t-en-guerre, n'en sont pas la seule cause. Autour de nous, la violence atteint désormais des proportions effroyables. Elle se voit, elle s'entend, elle se vit. Nous la subissons au quotidien, de manière plus ou moins grave. La liste des horreurs est interminable. Des enfants exploités, torturés, même tués par des maîtres coraniques censés leur inculquer la foi en Dieu, l'amour et le pardon; d'autres maltraités, abandonnés, dans des endroits immondes, par des mères déboussolées, des coépouses haineuses; des femmes bastonnées, violées, tuées par leurs compagnons, leurs époux; des malades mentaux lynchés. Même dans les cimetières, nos morts ne sont plus à l'abri de cette sauvagerie. On s'émeut vite fait, puis on passe à autre chose: la politique! Encore et toujours. Puisqu'elle est placée, malgré nous, au début et à la fin de tout, les politiciens -hommes et femmes ensemble- devraient s'engager dans la lutte contre la violence. Contre toutes les formes de violence.

Nous vivons dans une société dont les fondements s'estompent au fil du temps et des ignominies. La méfiance gagne du terrain et nous pousse à nous regarder en chien de faïence, à nous comporter en ennemi. A ce rythme, le Sénégal risque de devenir ingouvernable. Ces acteurs politiques, prompts à crier, menacer, taper en sont-ils conscients? Les scènes surréalistes qui se déroulent à l'Assemblée nationale, depuis l'installation mouvementée de la 14ème législature, peuvent également nous conforter dans l'idée d'une dégradation flagrante de la situation générale. Au lieu de représenter, avec dignité, un peuple qui ne demande qu'à vivre dans un environnement stable et sain, propice à son épanouissement, certains députés se donnent en spectacle de la pire des manières. Urne, micro, perruque, chaussure volent pendant que pleuvent gifles et coups de pied, devant les caméras et sous le regard incrédule de leurs concitoyens. Bien que cela ne laisse personne indifférent, nous constatons que des actes condamnés par les uns sont glorifiés par les autres. Cette bizarrerie provient d'une partialité totalement assumée par plusieurs personnes. Pourtant, la loi de la proximité politique (ou du genre) ne devrait jamais prévaloir sur nos lois tout court. Cela est d'autant plus dangereux que la relation de confiance entre de nombreux Sénégalais et les institutions judiciaires est déjà bien fragile. Si chaque citoyen devait rendre la justice selon ses affinités, croyances, etc., ni la nation ni la république ne survivraient. Nous en sommes presque là.

Tandis que 2023 pointe à l'horizon, on pressent une année difficile, sur tous les plans. Que l'on tienne compte ou pas de la conjoncture mondiale ainsi que de l'instabilité et de l'insécurité dans la sous-région-ouest-africaine, le pays de la Teranga, déjà fragilisé par plusieurs secousses, pourrait trembler de nouveau. Depuis les évènements du mois de mars 2021, le Sénégal n'est plus le même. Les Sénégalais non plus. Et, ces violences inédites n'étaient pas uniquement l'expression d'un soutien populaire inconditionnel à Ousmane Sonko. Elles étaient aussi la conséquence d'une colère devenue insupportable pour beaucoup de nos compatriotes, victimes de leurs espoirs déçus.  

Depuis la première alternance, survenue en 2000, les élections présidentielles sont encore plus perçues comme un rendez-vous crucial, synonyme de rupture ou de continuité, selon la préférence de chacun. Les populations, les électeurs notamment, les attendent avec impatience. Ces derniers votent pour la plupart avec conviction, puis accueillent les résultats avec un sentiment de devoir accompli, même lorsque leur candidat a été évincé. Jusqu'à présent la sagesse populaire l'a emporté et le Sénégal a été épargné par les longs et sanglants conflits électoraux que l'on a vus ailleurs. En sera-t-il de même en 2024? Tout dépendra de 2023.

L'État ainsi que les dirigeants politiques, en particulier ceux qui ont des ambitions présidentielles, ont aujourd'hui la responsabilité de définir leurs priorités, en tenant compte de l'état d'esprit des populations ainsi que du climat général tendu. En 2023, il va falloir mettre le doigt sur nos problèmes de comportement et apprendre à respecter les règles de vie en société comme celles du jeu démocratique, entre autres. La quête du pouvoir n'est pas une compétition ordinaire. Les humains ne sont pas des pions que l'on abat et que l'on relève. Ils valent plus que le prestige tiré d'une position sur l'échiquier politique national ou d'une fonction au cœur de l'État ou de ses démembrements. La vie des Sénégalais est précieuse. Une partie qui se termine avec des blessés, des morts et des dégâts matériels inestimables, dont les populations seront les premières à souffrir, ça ne doit pas exister.

 

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Sénégal, Quand des apprentis-dictateurs gangrènent la nation ...

Publié le par Cécile Sow

A priori, il ne pourrait y avoir qu'un seul dictateur. Seul maître à bord, il tiendrait la barre au gré de ses humeurs, besoins ou envies. Peu importe les vents ou la marée, il prendrait la direction qu'il voudrait. Quitte à fracasser son embarcation, pleine de ses concitoyens, contre un mur de rochers. Dieu merci, le Sénégal n'a jamais connu la dictature, civile ou militaire. S'il est vrai que chacun de nos dirigeants successifs pourrait avoir sur la conscience des cas d'arrestations et de détentions arbitraires, des morts suspectes ou encore des évènements douloureux, qui auraient pu être évités, notre pays n'en est pas moins une démocratie. Les Sénégalais choisissent leurs dirigeants et représentants lors des différentes élections; ils ont généralement le droit de se rassembler et de manifester; ils peuvent aussi exprimer leurs opinions dans les médias ou sur les réseaux sociaux, sans courir le risque d'être embarqués, de nuit, par des forces spéciales qui les retiendraient dans des lieux tenus secrets, pour une durée indéterminée, de surcroît sans jugement. C'est ce qui arrive encore dans certains pays.

Le Sénégal n'est pas une dictature, mais de plus en plus de Sénégalais se comportent comme des dictateurs. Cette liberté d'expression, à laquelle nous tenons tant, est devenue une arme à double tranchant. Parce que l'on peut tout dire, partout et à tout moment, en public ou en privé, un rien devient susceptible de provoquer une avalanche de reproches, d'injures ou de menaces, voire des appels à la violence ou au meurtre (oui, j'en ai vus!). Les écrits, les paroles et les actes ne sont plus perçus pour ce qu'ils sont.Trop souvent, ils sont sortis de leur contexte, déformés et sujets à des interprétations farfelues, n'obéissant à aucune logique, si ce n'est celle de la partisanerie béate. Même lorsque nous parlons de la pluie et du beau temps, il y en a qui trouvent le moyen de politiser les discussions. Comme si tout, sans exception, tournait autour de la politique; comme si le Sénégal était une arène (avec deux rois en son centre: le Président Macky Sall et l'opposant Ousmane Sonko).

Nous sommes plusieurs à revendiquer le droit de vivre et de nous exprimer librement, en dehors de toute considération politique ou politicienne, à déplorer le fait que les débats, quel que soit le sujet, soient désormais réduits à une sorte de ping-pong infernal entre les "pour" et les "contre". Pourtant la vie ne se résume pas à camper sur ses positions -sans considérer celles des autres- ni à les défendre coûte que coûte, en particulier quand la paix sociale est menacée. Ce dualisme puérile est un dangereux poison pour la nation. 

Au cours des dernières années, j'ai découvert des Sénégalais capables de dévoiler une palette d'injures honteuses et dégradantes, pour leurs auteurs autant que pour leurs cibles, ainsi que des hommes et des femmes prompts à relayer, sans sourciller, de fausses informations. Néanmoins, à choisir entre prêcher dans le désert ou me taire, je préfère la première option. La deuxième est inenvisageable pour tout Sénégalais aimant son pays et soucieux de l'avenir de ces centaines de milliers d'enfants qui n'ont demandé ni à naître ni à supporter, au quotidien, les conséquences de notre inconséquence.

Il y a quelques mois, on se souvient que des élèves avaient été arrêtés parce qu'ils avaient saccagé une salle de classe. Comment leur faire comprendre que ce qu'ils ont fait est mal quand l'indiscipline et la violence règnent dans les foyers, dans les rues et jusqu'au cœur de nos institutions? Comment leur inculquer des notions de savoir-vivre quand des apprentis-sorciers et dictateurs d'un genre nouveau pullulent sur les plateaux de télévision, les antennes des radios et sur les réseaux sociaux? Comment leur apprendre à croire en leur pays et à l'aimer quand le mensonge et la trahison, entre autres vilenies, sont banalisés et utilisés pour "réussir"? Comme si la réussite se mesurait en billets, en véhicules, en terrains, en maisons, en épouses et en maîtresses, en bijoux, en voyages...

Ce pays est le nôtre. Nos différences et même nos divergences pourraient nous permettre d'évoluer, à condition d'accepter nos lacunes et de prêter une oreille attentive à ceux qui ont des compétences et des connaissances que nous n'avons pas. Nous manquons cruellement d'humilité et de lucidité. C'est peut-être aussi pour cette raison que l'invective, l'injure et la calomnie ont presque fini de réduire le dialogue à néant. Nous nous éloignons de plus en plus de ce qui faisait du Sénégal un pays spécial, ayant vu naître et évoluer des femmes et des hommes de qualité, connus et respectés, ici et au-delà de nos frontières. Ils sont nombreux, vous les connaissez.

Je peux comprendre que beaucoup profitent des médias et des réseaux sociaux pour exister, pour exprimer leur colère et leur ressentiment, mais je ne veux pas d'une liberté d'expression qui engendre des dictateurs. Ces derniers prétendent parler au nom du peuple et, au lieu de l'unir, ils le divisent. Cette minorité visible ne peut pas prendre en otage 17 millions de Sénégalais. Nos dirigeants non plus. D'ailleurs, le meilleur service que nous puissions rendre à ceux qui gouvernent ou aspirent à gouverner, serait de leur dire la vérité. Les laudateurs ne valent pas mieux que les apprentis-dictateurs; ils sont aussi dangereux qu'eux. Quand un chef s'égare, ce sont ses plus proches collaborateurs et les citoyens qui doivent le rappeler à l'ordre, sans violence ni agressivité, mais avec respect et fermeté. Notre constitution nous permet d'utiliser divers moyens afin de faire valoir nos droits et elle garantit notre liberté d'expression. Qu'on en fasse bon usage! A chaque époque ses réalités. L'ère des messies étant révolue, le premier détenteur du pouvoir est le peuple. Ne gaspillons pas notre énergie à nous détester à cause de la politique ou de ses acteurs. Quand on se bat à bord d'une pirogue, elle tangue. Sunugal ne doit pas sombrer. 

 

 

 

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Adji Sarr, un an après...

Publié le par Cécile Sow

Ce mardi 8 mars 2022, tandis qu'une partie de la planète se souvient que les femmes n'ont pas que des devoirs, mais aussi des droits, je reçois un message m'invitant à co-signer une tribune sur la plus célèbre masseuse du Sénégal, Adji Sarr. Estimant qu'il y a trop de zones d'ombre dans cette sulfureuse affaire, je botte en touche. Puis je repense à la proposition et décide de me prêter à cet exercice sensible, mais en solo. 

Ma réticence ne vient pas des réactions intempestives, souvent violentes, qui fusent chaque fois que son nom apparaît ni des tentatives évidentes de manipuler l'opinion en faveur de l'accusatrice ou de l'accusé. Elle se justifie plutôt par le fait que, contrairement à de nombreuses personnes dont les avis pullulent sur les réseaux sociaux, je pense ne pas en savoir assez pour me prononcer sur le fond. Ce dossier, avec d'un côté une vraie victime ou une femme instrumentalisée et de l'autre un homme politique en pleine ascension censé incarner la vertu, reste préoccupant. En attendant de savoir ce qui lie et/ou oppose réellement Adji Sarr et Ousmane Sonko, leurs ennuis me font dire que, même si eux ont été exposés, trop de maux sont encore déversés dans le profond puits du masla et du sutura. Celui où, au nom des convenances, on se débarrasse des choses honteuses ou condamnables, souvent au détriment des femmes.

Certes, grâce à Adji Sarr, on parle sans doute plus de viol et d'agressions sexuelles aujourd'hui que par le passé, mais cela ne semble pas servir la cause des victimes présumées ou avérées. Au contraire. Qu'il s'agisse d'Adji Sarr ou d'une autre, la femme est coupable et la plupart du temps condamnée par la société. Le mauvais accoutrement les mauvais gestes les mauvaises paroles au mauvais endroit au mauvais moment. Sans tenir compte des faits, on les accuse, encore et encore, d'avoir envoyé des signaux invitant à avoir une relation sexuelle. D'ailleurs, beaucoup de gens en parleront comme s'ils avaient été présents. Même lorsqu'il s'agit d'enfants, on trouve le moyen d'incriminer les mamans, accusées de négligence...  

Depuis cette affaire Adji Sarr, le mot viol et l'acte qu'il décrit sont devenus d'une telle banalité. Parce qu'on lui a ôté son caractère odieux et criminel, les personnes conscientes de la gravité d'un viol sont de plus en plus rares.  Tout aussi alarmant, moralisateurs et justiciers zélés -parmi lesquels des femmes- ont presque réussi à graver dans les esprits de certaines jeunes filles que si elles étaient un jour victimes de viol(s), elles en seraient les premières responsables. C'est pourquoi, un an après les violences ayant suivi la plainte d'Adji Sarr et les déboires judiciaires d'Ousmane Sonko et au lendemain de la célébration de la Journée internationale de la Femme (ou des Droits des Femmes, selon les pays), il est important de revenir sur cet épisode douloureux. Outre ces quelques raisons évoquées plus haut, il me semble aussi nécessaire de clarifier certaines choses. 

A mon humble avis, les violences de mars 2021 n'étaient pas uniquement l'expression d'un soutien populaire inconditionnel à Ousmane Sonko. Comme ces attaques verbales et physiques quotidiennes, plus ou moins graves, dans les foyers, les rues, les marchés, les bureaux..., elles étaient la conséquence d'une colère devenue insupportable pour beaucoup. Oui, les Sénégalais sont fâchés. Peut-être pas tous, mais une bonne partie. Ils sont fâchés parce que la vie est si dure que, comme on l'entend souvent, ils ne voient même plus la queue du diable pour la lui tirer. Ces évènements nous ont aussi rappelé, de manière brutale, que la paix sociale est un acquis précieux, mais fragile.

Grâce ou à cause d'Adji Sarr et d'Ousmane Sonko, je suis désormais convaincue que la rupture de confiance entre les populations et les dirigeants, souvent évoquée par l'opposition ou la société civile, est bien réelle. Malgré deux alternances politiques et les promesses d'une vitalité démocratique accrue, un climat délétère s'est s'installé au Sénégal. Tout le monde -ou presque- parle de tout, tout le temps, sans avoir les bonnes informations et parfois dans le but de nuire à l'autre. Plus dangereux, nombreux sont ceux qui croient que leurs convictions sont des vérités absolues. Cette histoire de moeurs devenue socio-politico-judiciaire n'échappe pas à cette tendance. C'est regrettable. 

En mars 2021, nous avons vu de quoi était capable une foule en colère. Onze mois plus tard, le 6 février 2022, après la victoire du Sénégal à la CAN (Coupe d'Afrique des Nations), nous avons vu de quoi était capable une foule euphorique. Dans un cas comme dans l'autre, on constate que les populations, en particulier les jeunes, ont une capacité certaine à se comprendre et à s'unir. C'est une bonne et une mauvaise chose pour nous et pour l'ensemble des dirigeants de notre pays, du pouvoir comme de l'opposition. Une bonne car cela prouve qu'ils peuvent compter sur la jeunesse; une mauvaise car cette jeunesse, qui a des aspirations et des exigences, généralement légitimes, peut de nouveau craquer, quel que soit le régime en place. Pour prévenir certaines tensions et restaurer la confiance, il va falloir plus de transparence. Il est temps de rétablir la vérité sur Adji Sarr et Ousmane Sonko, ainsi que sur tous ces dossiers dits politico-judiciaires en suspens...

 

 

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A bas les "pensées uniques"...

Publié le par Cécile Sow

De nos jours, dès que l'on entend parler de la "pensée unique", on replonge immédiatement dans les années sombres de certaines dictatures sanglantes d'Afrique ou d'ailleurs. On imagine, avec effroi, ces prisonniers d'opinion torturés, mutilés, assassinés pour avoir défié des règles dictées par un chef autoritaire et ses sbires. Des images vite chassées de nos esprits, souvent occupés à refaire le monde via les réseaux sociaux. Si les arrestations arbitraires et surtout les exécutions sommaires ont presque disparu, nous ne sommes pas pour autant protégés des abus commis par des dictateurs d'un genre nouveau. Ces derniers, apprentis ou confirmés, sévissent sur la Toile. 

Rares sont celles et ceux qui n'ont jamais été victimes de ces justiciers-moralisateurs, agissant à visage découvert ou planqués derrière leurs claviers, pour imposer, par tous les moyens, une manière de penser, de parler, de se vêtir, de se comporter, de se nourrir... Bref, de vivre. Méthode douce passant par la sensibilisation ou forte avec injures et menaces. Dans les deux cas, le constat est le même: les partisans des "pensées uniques" sont légion!

Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour réaliser que tout sans exception est sujet à polémique, ce qui en soi n'est pas un problème. En revanche, quand tout devient susceptible de déclencher une avalanche d'insanités pour humilier l'autre et le faire plier, c'est inacceptable.

A la lecture de ce texte, certains diront que tout est relatif, que ce qui est un manque de respect ou une injure pour l'un ne l'est pas pour l'autre, que la liberté d'expression donne le droit de dire ce qu'on veut, même quand les conséquences sont tragiques (repli sur soi, dépressions, expéditions punitives...). A ceux-là, je réponds que "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Ce que chacun est libre de dire ou de faire dans son cercle, il n'est pas libre de le dire ou de le faire chez les autres, qu'ils soient ouverts, compréhensifs et tolérants ou pas. J'ajoute que -sauf cas de force majeure?!- éviter d'infliger à autrui  ce que l'on ne veut pas avoir à subir relève du simple bon sens.

Nous sommes tous différents et appelés à nous côtoyer, même si ça nous déplaît. Sauf peut-être celles et ceux qui décident de vivre en vase clos avec leurs semblables, supposés ou avérés...

Pour en revenir à ces nouveaux dictateurs, adeptes de l'insulte ou du baston, n'est-il pas temps de leur dire que le dialogue est source de paix et d'enrichissement mutuel? Privilégions-le sans a priori douteux car les conclusions tirées à la hâte sont souvent source d'incompréhension et de division. En outre, à force de vouloir exister, beaucoup ont tendance à s'emballer, faisant ainsi d'un grain de sable une montagne, qui de toute façon subira la loi des réseaux sociaux. Le principe du buzz, c'est d'être éphémère. Par contre, les effets du buzz, positifs ou négatifs, sont incalculables et durables.

Le terrorisme intellectuel nourrit les frustrations et les haines. Notre monde est désormais habité par des extrémistes de toutes sortes qui n'hésitent pas à devenir violents pour être entendus et suivis. J'ose espérer que cela changera un jour.

Je prêche, sans doute, dans le désert, mais ce n'est pas une raison pour me taire. Surtout quand on sait que de nos jours, au Sénégal, beaucoup de personnes avisées refusent de participer au débat public pour éviter des attaques virulentes contre elles voire contre leurs proches. Il faut dire que de nombreux Sénégalais sont prompts à prendre des raccourcis pour dénigrer quiconque prend la parole, quel que soit le sujet. Quelques exemples:

- Vous saluez un acte posé par le chef de l'Etat ou son gouvernement: vous cherchez un poste ou vous êtes un opportuniste incompétent qui mange dans le râtelier du pouvoir;

- Vous soutenez l'opposition: vous faites du boucan pour être embarqué dans le navire présidentiel, vous êtes instrumentalisé par une obscure puissance ennemie du Sénégal et de ses valeurs;

- Vous êtes féministe: vous êtes frustrée car vous n'avez pas trouvé l'homme de votre vie ou vous êtes une complexée doublée d'une lesbienne;

- Vous dénoncez le harcèlement sexuel: vous êtes moche et en colère parce que les hommes ne vous draguent pas;

- Vous dénoncez les excès de certains groupes religieux ou la mendicité des talibés (élèves des écoles coraniques): vous êtes un disciple de Satan, un franc-maçon;

- Vous êtes opposé à la discrimination ou à l'emprisonnement des homosexuels: vous êtes un ennemi de Dieu et un pervers porte-malheur;

- Vous refusez de faire l'apologie de l'homosexualité: vous êtes homophobe ou un homosexuel refoulé;

- Vous vous interrogez sur l'opportunité du remplacement du franc CFA par l'Eco: vous êtes un aliéné mental au service de la France, esclavagiste et pilleuse de ressources;

- ...

Cette liste, non-exhaustive, peut paraître caricaturale. Sachez que ces clichés ne sont pas le fruit de ma réflexion; ce sont plutôt des appréciations piochées çà et là.

Si pendant des décennies, des pionniers ont sacrifié leur liberté et risqué leur vie pour que le monde change et évolue dans un sens propice à l'épanouissement de tous, je suppose que ce n'est pas pour qu'aujourd'hui la liberté d'expression -ce bien précieux!- soit mise au service de la division et de la haine. Respecter les opinions et les choix des autres, c'est faire un bon usage de la liberté d'expression. Peut-être suis-je un jour tombée dans les travers que je dénonce aujourd'hui? Le cas échéant, je prie mes lecteurs de m'en excuser.

A bas les pensées uniques!

 

 

 

 

 

 

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Abdoulaye Wade, quand l'histoire oublie l'avocat

Publié le par Cécile Sow

Si Abdoulaye Wade ne s'est jamais départi de son titre de "Maître", il y a toutefois bien longtemps qu'il a quitté les prétoires au profit de la scène politique. Ainsi, il n'est guère surprenant que les souvenirs de l'opposant puis du président de la République aient estompé celui de l'avocat. Au moment où le barreau du Sénégal, créé par ordonnance le 3 septembre 1960, souffle ses 60 bougies, rares sont ceux qui savent que l'ex-chef de l'État est le plus ancien avocat sénégalais ayant exercé son métier dans le pays avant l'Indépendance. Nommé avocat-défenseur près la Cour d'Appel et les Tribunaux de l'A.O.F. (Afrique occidentale française) par arrêté n°3856/JA du 8 mai 1958, Abdoulaye Wade devance de quelques mois la doyenne du barreau, Maître Eugénie Issa-Sayegh, toujours membre du Conseil de l'Ordre...

Avant de pratiquer au Sénégal, Abdoulaye Wade est établi à Besançon (France). Il avait prêté serment devant la Cour d'Appel de la ville, au mois de décembre 1955, suite à l'obtention de son Certificat d'aptitude à la profession d'avocat, Capa, délivré par la faculté de droit de l'Université de Dijon, le 25 novembre de la même année. Après un stage de deux ans, il décide de rentrer au Sénégal. Par conséquent, il demande son inscription à Dakar. Mais à cette période, être nommé avocat est compliqué. La connaissance du droit n'étant pas la seule exigence, tous les candidats sont soumis à des enquêtes rigoureuses. Et Abdoulaye Wade n'y échappe pas.

Dès qu'il fait sa demande, le Procureur général chef du service judiciaire à Dakar contacte le Commissaire central de police de Besançon pour obtenir des renseignements. Ainsi, dans un rapport estampillé "confidentiel" et "urgent", daté du 28 janvier 1958, on note qu'il est déjà connu dans la région. Abdoulaye Wade a des accointances avec des communistes, il a été président de la Fédération des étudiants d'Afrique noire (section Besançon), il est en faveur de l'indépendance, ..., et, surtout, il défend des Algériens poursuivis pour "activités anti-nationales" dans des procédures de droit commun et des "affaires liées à l'intégrité du territoire". Malgré ce tableau peut-être alarmant pour les autorités de l'époque, Abdoulaye Wade, âgé de 29 ans, présente des qualités certaines. Selon le Procureur général de Besançon, il a toujours plaidé "avec beaucoup de correction, ..., en restant sur le terrain du droit et des faits, sans faire de digression sur le plan politique". Cette appréciation plutôt favorable lui a sans doute servi.

Ironie de l'histoire, quelques années après sa nomination comme avocat-défenseur à Dakar, Me Abdoulaye Wade plaide en faveur de Mamadou Dia, le Président du Conseil accusé, entre autres, d'atteinte à la sûreté de l'État lors de la crise politique de 1962. Plus d'un demi-siècle plus tard, il affirme avoir été "très malheureux" de n'avoir pas pu lui éviter une condamnation "injuste et très sévère" (perpétuité, Ndlr). Pour lui, Mamadou Dia n'a jamais voulu faire un coup d'État...

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Dire la vérité est un devoir

Publié le par Cécile Sow

Il y a quelques années, au cours d'une discussion avec un homme politique, ayant une ambition présidentielle affirmée, je me souviens lui avoir dit: "de nos jours, il faut dire la vérité aux électeurs car les promesses de campagne mirobolantes constituent un risque pour le pouvoir". Dépité, il me répond: "Cécile, tu es folle!". Fin de l'échange; je demande la route et retourne vaquer à mes (saines) occupations... Cet épisode est représentatif de l'état d'esprit de nombre d'acteurs politiques au pouvoir ou aspirant à occuper le fauteuil présidentiel.

Au 21ème siècle, dans un monde où l'information circule à la vitesse grand V, où les vrais journalistes et les personnes animées de bonnes intentions se battent, à chaque instant, contre la rumeur et les fake news, je n'admets pas que des dirigeants s'adonnent à la manipulation et à la démagogie. C'est irrespectueux pour les populations et dangereux pour tous.

Que l'on soit dans l'opposition ou au pouvoir, il faut savoir dire la vérité.

Des promesses non tenues, en particulier quand elles concernent l'amélioration des conditions et du niveau de vie des gens, la bonne gouvernance et le respect de la constitution (qui ne devrait être modifiée que pour renforcer la démocratie, faut-il le rappeler?), sont sources de tension voire de déstabilisation. Sur ce plan, les dernières années sont édifiantes. Combien de dirigeants, bien ou mal élus, ont-ils été emportés par la rue quand les urnes auraient suffi à faire le boulot pacifiquement?

Au moment où la Covid-19 continue de remettre en cause nombre de convictions, de principes et de politiques économiques, sanitaires ou sociales, la soif de vérité devient de plus en plus dure à supporter.

Aujourd'hui, nous sommes très nombreux à en avoir assez de ces interminables polémiques sur la pertinence des mesures prises dans la lutte contre la pandémie et surtout sur l'efficacité ou la dangerosité de l'hydroxychloroquine. S'il est vrai que depuis des siècles, la science, les savants et les chercheurs (dans toutes les disciplines) ont toujours été l'objet d'admiration ou de contestation, il me semble que les moyens techniques et technologiques, disponibles de nos jours, permettent de savoir avec exactitude ce qui est vrai ou faux. L'Organisation mondiale de la santé, notamment, doit arrêter de nous faire valser. Si elle ne maîtrise pas son sujet, qu'elle rende le tablier. Et d'ailleurs, quoi qu'elle dise, aujourd'hui les guérisons notées sont un bon indicateur de l'efficacité des traitements. Cela dit, sur ce point, je cède la parole aux professionnels de la santé, mieux outillés que moi pour interpréter les données...

Nous sommes également nombreux à trembler devant les engagements pris par certains gouvernements pour, soutiennent-ils, faire face aux effets de la pandémie, plus ou moins dévastateurs, selon les pays. S'il est vrai que les Etats ont un devoir de protection vis à vis des populations, ils ont aussi un devoir de vérité.

Dans un pays comme le Sénégal, où des chefs de famille et leurs proches peuvent rester des mois sans tenir dans la main un billet de 10 000 F CFA; des semaines sans manger de la viande, de la volaille ou du poisson frais; des jours sans avoir autre chose à avaler que du kinkeliba et un morceau de pain ou une bouillie de mil, cette pluie de milliards déclenchée par les autorités m’effraie.  

L'Etat a le devoir de nous dire la vérité.

Les innombrables dysfonctionnements notés dans la gestion des deniers publics (ou dans le privé) et révélés au cours des dernières années, aussi bien par des organes officiels de contrôle que par la presse, n'augurent rien de bon quant à la gestion des 1000 milliards injectés dans le fonds de riposte et de solidarité Covid-19. Le flou autour de la répartition, l'attribution et l'utilisation des fonds non plus. Chaque milliard annoncé suscite de l'espoir chez les uns et réveille des appétits chez les autres. Par conséquent, en plus de dire la vérité, les dirigeants ont l'obligation d'agir dans une totale transparence.

Savoir dire la vérité est primordial.

Même lorsqu'elle fait peur, la vérité permet d'appréhender les situations les plus complexes et de chercher puis de trouver des façons d'y faire face. Cette lucidité devient le moteur de l'action individuelle et collective.

Les dirigeants ne sont pas les seuls à devoir dire la vérité.

A la maison, à l'école, au travail, partout, la vérité doit être présente. Même si elle fait mal, la vérité doit permettre la remise en question et le dépassement. D'ailleurs, le plus souvent, ce n'est pas la vérité qui blesse, mais les mots et le ton utilisés ainsi que le contexte dans lequel elle est dite.

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Sénégal, quand l'espoir prend la pirogue du retour... 

Publié le par Cécile Sow

Au Sénégal, depuis une quinzaine d'années, de nombreuses personnes -hommes, femmes et enfants- embarquent à bord de pirogues pour gagner l'Europe, par la mer. Mais avec l'apparition du Covid-19, la donne a changé. C'est ce qui m'a inspiré le texte ci-dessous. Bonne lecture!

 

A l'époque où les cartes postales se vendaient encore comme des petits pains, les pirogues, plus que le lion et autant que le baobab, symbolisaient le Sénégal. Elles nous rendaient fiers de nos talentueux artisans et de nos vaillants pêcheurs. C'était avant que nos belles embarcations, sculptées dans des troncs solides, deviennent des tombeaux pour nos compatriotes, partis chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas au pays. 

 

Le drame de l'émigration clandestine, entretenue par une mafia, est bien connu. En revanche, il y a quelques semaines à peine, qui aurait cru que ces mêmes pirogues feraient le chemin inverse, avec à leur bord des candidats au retour, fuyant le Covid-19? Le fait que les principaux sites de départ de clandestins vers l'Europe soient devenus leur port de débarquement est pathétique. J'espère que les passeurs, d'hier et d'aujourd'hui, redeviendront vite de braves travailleurs, comme la majorité des pêcheurs... 

 

Ironie du sort, pour affronter cette situation inédite et indésirable, dans des villages traditionnels de pêcheurs comme Thiaroye-sur-mer, Hann ou Yoff, sur la Petite côte et jusque sur les rives du fleuve Sénégal (au nord notamment), des comités de surveillance guettent l'arrivée de ces embarcations "suspectes", transportant des clandestins d'un genre nouveau. 

 

Tandis que le coronavirus frappe durement la France, l'Italie et l'Espagne, qui sont parmi les destinations favorites des expatriés sénégalais (en situation régulière ou pas), le Sénégal, où le confinement n'est pas (encore) de rigueur, leur apparaît désormais comme une terre d'espoir. Ni la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes ni l'interdiction de circuler entre les 14 régions du pays, ne les découragent. 

 

Face au danger et aux diverses pressions subies à l'étranger, le désir de retrouver leurs proches est plus fort que celui de leur épargner une contamination dont ils pourraient être responsables. Les résultats encourageants obtenus par nos équipes médicales sont aussi, sans aucun doute, une source de motivation. Aujourd'hui, avec un nombre de patients guéris (137) plus élevé que celui des malades (125), il y a de quoi convaincre les sceptiques d'hier que le Sénégal est capable de faire face à des situations complexes.

 

Pourvu que sunu gaal (notre pirogue en wolof, à l'origine du nom Sénégal) vogue sur des flots tranquilles et arrive à bon port...

 

Source: businessnewsafrica.net

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Quand le Covid-19 sera un mauvais souvenir...

Publié le par Cécile Sow

 

60 ans, ça se fête! Toutefois, à cause du Covid-19, le Sénégal célèbrera son Indépendance, ce 4 avril 2020, dans la sobriété. Ce moment important, dans la vie de la Nation, pourrait donc être celui de la réflexion. Un jour, que je souhaite prochain, ce maudit virus sera un mauvais souvenir. Il nous faudra alors être prêts à livrer d'autres combats. 

 

Cette petite chose nous fait trembler, pleurer, implorer le Seigneur, ..., et vociférer contre les dirigeants, le "système" et tout ce qui peut nous faire oublier nos peurs. Parce que des humains meurent par centaines, frappés par un mal qui ne fait pas dans la discrimination, certains sombrent dans le désespoir. Mais les pandémies ont une fin.

 

Nous pouvons déjà tirer des leçons de cette crise mondiale et penser l'avenir. Après le Covid-19, j'ose croire que nous développerons des modèles de société tenant compte de valeurs universelles comme le respect, l'honnêteté et la solidarité. Face au désastre économique annoncé et à ses effets sur les populations, je voudrais que nos gouvernants soient proactifs, imaginatifs et combatifs.

 

Soixante ans après l'Indépendance du Sénégal, nous aurions, peut-être, voulu revenir sur les succès et les échecs de nos dirigeants. Néanmoins, est-ce le moment de ressasser le passé? Parce qu'il faut choisir entre bâtir ou subir, les citoyennes et citoyens -que nous sommes- partagent avec l'État la responsabilité de maintenir debout le patient nommé Sénégal. 

 

Nous nous demandons parfois comment aider notre pays. La prise de conscience et la mobilisation, observées dans la lutte contre le Covid-19, me laissent espérer que nous sommes capables de nous améliorer. Tout passe par l'individu. 

 

Si chacun change, la société se transformera, le pays évoluera. Certes, il y aura toujours des oiseaux de mauvais augure, des réfractaires et des personnes pour saborder toute initiative ne venant pas d'elles ou de leurs clans. Peu importe. L'essentiel est de donner un second souffle à notre Indépendance, en prenant notre destin en main, pour de bon. Le Covid-19 doit nous rendre plus forts. 

 

Bonne fête de l'Indépendance 2020 à toutes et à tous!

 

Source: businessnewsafrica.net

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Guinée-Les élections ne font pas la Démocratie

Publié le par Cécile Sow

Le dimanche 22 mars 2020, les Guinéens étaient appelés aux urnes pour élire leurs députés et se prononcer, par référendum, sur la nouvelle constitution. Dans un contexte autre que celui que nous connaissons, ces joutes électorales pourraient être saluées, voire considérées comme une belle avancée démocratique. 

Ce scrutin a été organisé malgré des tensions avec l'opposition -qui l'a boycotté- et des violences politiques récurrentes, ayant fait un nombre incalculable de morts et de blessés. Même le redouté Covid-19 n'a pas réussi à calmer les appétits.

S'il est vrai que la tenue d'élections est un signe de la vitalité d'une démocratie, un scrutin, à lui seul, ne fait pas d'un pays un état démocratique.

Le vote devrait être une occasion pour les citoyens d'exprimer leurs choix de manière libre, en toute sécurité, dans un climat apaisé, en dépit d'inévitables rivalités. Si l'Etat a la responsabilité de créer des conditions propices à la tenue d'élections crédibles et transparentes, l'opposition ou plutôt les opposants ont également le devoir de promouvoir l'entente et la paix.

Il arrive un moment où l'intérêt des populations doit primer sur celui d'un clan ou d'une communauté. La Démocratie n'est pas uniquement une affaire d'élections.  

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