Le Coach, la CAN et les Sénégalais!
Aliou Cissé et ses joueurs me font penser à des accusés lors d'un procès public aux assises, comme on en voit dans les films. Conspués, injuriés, menacés, le coach et ses Lions du football comparaissent devant un tribunal où avocats de la défense et témoins à décharge peinent à faire taire des milliers de tacticiens de salon. Mais, depuis la demi-finale contre les Étalons du Burkina Faso, qui s'est soldée par une belle victoire du Sénégal (3-1), le ton change.
Sur les réseaux sociaux et dans les médias, compliments, encouragements et même les excuses se multiplient. En quelques heures, beaucoup de sceptiques et d'insulteurs sont devenus aussi mignons qu'une bande de bambins invités à une fête d'anniversaire. Evidemment, la cerise sur le gâteau, ce serait que la très convoitée coupe atterrisse au pays de la Teranga... En attendant que cet objectif soit atteint (ou pas), d'autres (un brin honteux?) jurent, haut et fort, que cette performance, du 2 février 2022, a été obtenue grâce à toutes les critiques, même les moins justifiées et les plus méchantes, balancées depuis le début de la CAN, Coupe d'Afrique des Nations, le 9 janvier 2022.
Je salue ce regain de fierté nationale (malheureusement à géométrie variable) insufflée par les Lions et leur coach. Toutefois, je déplore cette propension à tout juger, tout le temps et sans discernement, des personnes, des situations, des projets, ... Notre liberté d'expression, obtenue et léguée par nos aînés au prix parfois de lourds sacrifices, ne devrait-elle pas plutôt servir à promouvoir le respect, la confiance, la solidarité et toutes ces valeurs pouvant contribuer à faire de nous des personnes bienveillantes et utiles à la Nation? Quand la passion ou la haine (de soi, de l'autre) l'emporte sur la raison, on ne peut guère attendre le meilleur.
Je souhaite que les Lions de la Teranga, conduits par Aliou Cissé, remportent cette CAN. D'abord pour eux car, malgré un retournement de situation, ils font encore face à un peloton d'exécution prêt à dégainer en cas d'échec en finale. Nous sommes de drôles de supporteurs. Bien sûr, ce qu'on attend d'une équipe, c'est qu'elle gagne, mais la défaite est et reste une éventualité. Mais une victoire serait également un beau cadeau pour les supporteurs inconditionnels ou modérés et un camouflet pour les saboteurs. Quant aux indifférents, peut-être que la joie les gagnera aussi. Dans tous les cas, il y a de l'expérience à gagner et des leçons à tirer.
Je ne connais pas grand-chose au football, mais cette CAN m'a appris que les Lions et leur coach sont capables d'affronter une cour et un public impitoyables. Quel que soit le verdict final, ils sont un exemple pour toutes ces Sénégalaises et tous ces Sénégalais tombés sous les balles de tireurs trop occupés à pulvériser les ailes (pattes) de leurs concitoyens...
Bravo les Lions, Merci Aliou Cissé!